cadrefable0.jpg (13639 octets)

Légendes

La mare aux feu follets

(Île d'Orléans, Montmorency)

Des enfants qui se sont attardés le soir rencontrent une bande de feux follets.

 

Jadis, il y avait plusieurs endroits à éviter la nuit. On raconte par exemple que si l'on "faisait de la clôture" après le coucher du soleil, dans le trait-carré, on verrait sauter des feux follets d'une tête de piquet à l'autre. Également, l'on ne faisait pas non plus de "terre neuve" une fois la noirceur venue, car on risquait disait-on, de détruire des nids de feux follets en arrachant les souches du sol. Puis, les marins se gardaient bien de siffler après le coucher du soleil lorsqu'ils marchaient sur le pont de leur navire: des feux follets auraient pu se manifester à l'extrémité des mâts.

"Un soir, raconte ma grand-mère, alors que j'étais jeune, j'étais allée veiller avec mes petites soeurs et mes frères chez ma tante qui demeurait dans le "rand simple" jouxtant notre terre. On s'était bien amusé et l'on n'avait pas vu le temps passer. Lorsque ma tante nous dit qu'il valait mieux nous mettre en route pour retourner chez nous, on est resté surpris de s'être faits "prendre à la noirceur". "N'ayez pas peur, nous dit alors ma tante, il fait clair comme dans le jour, la lune est dans son plus fort". Je vous assure qu'on ne badinait pas sur le sentier qui traversait les champs et l'on trouvait la maison de nos parents bien éloignée ce soir-là.

Le trajet s'effectua bien jusqu'à ce que l'on en vienne à approcher de l'étang aux grenouilles. Là, il fallait franchir le ponceau qui l'enjambait et ma petite soeur, qui avait pris le devant, s'arrêta brusquement au moment de passer sur le pont. "Hey! dit-elle, il y a des feux follets qui sautillent partout sur l'eau". Paralysés par la peur, on s'arrête brusquement en se rapprochant les uns des autres. Mais il fallait bien passer pour atteindre notre maison qui était maintenant en vue. Sans nous avertir, le plus vieux de mes frères s'écrasa soudainement sur ses jambes et il bondit vers le pont qu'il traversa presque sans le toucher. Nous ne pouvions plus hésiter: il faillait en faire autant pour aller le rejoindre de l'autre côté de la mare. Moi qui étais la plus jeune, je me souviens encore que quelqu'un me prit par la main et que je volais presque dans les airs. Mais au moment de franchir le pont, la mare s'anima de flamèches et des cris s'élevèrent de l'eau en résonnant.

Lorsqu'on entra finalement dans la maison, pâmés d'avoir tant couru, ma mère nous rassura en disant que les soirs de pleine lune, les crapauds s'amusent à sautiller sur l'eau en sifflant, et que c'était l'éclat de la lune sur leur dos qu'on avait pris pour des feux follets.

 

Retour

logofable0.jpg (5764 octets)

 

 

Copyright ©Janvier 2004 [ Bienvenue Chez Alexandra ]  Tous droits réservés

L'image utilisée est copyright ©Alan Ayers